Entrée en désobéissance civile de la famille Renaudeau

𝗩𝗼𝗶𝗰𝗶 𝗻𝗼𝘁𝗿𝗲 dé𝗰𝗹𝗮𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱'𝗲𝗻𝘁𝗿é𝗲 𝗲𝗻 𝗱é𝘀𝗼𝗯é𝗶𝘀𝘀𝗮𝗻𝗰𝗲 𝗰𝗶𝘃𝗶𝗹𝗲 :

Madame, Monsieur,

Nous, soussignés David et Coralie Renaudeau, parents de Lilou et Noa, instruits en famille depuis 6 ans dans un environnement riche en projets et explorations, en reliance aux activités du territoire, attirons votre attention sur l’article 49 de la loi n°2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la république, imposant à partir de la rentrée 2022 une demande d’autorisation préalable pour poursuivre ce mode d’instruction.

Pour rappel, c’est suite à des divergences importantes de visions pédagogiques et des symptômes de stress envahissants manifestés par nos enfants, que nous avons choisi de leur proposer l’Instruction en famille en 2017, à travers la pédagogie de l’exploration : une approche invitant à prendre soin de soi, de la relation à l’autre, du vivant et du monde à l’écoute des émotions, des besoins, du rythme et des élans de chacun, par le jeu et par projet.

Aujourd’hui, dans la cohérence de la continuité de nos choix et dans une dynamique d’écoute du consentement de nos enfants, nous vous informons de notre positionnement de poursuivre cet accompagnement de plein droit afin de préserver leur intégrité psychologique, quelque soient les circonstances.

En effet, le libre choix des parents concernant l’instruction à donner à leurs enfants est reconnue en France depuis les Lois de Jules Ferry de 1882 et est soumise depuis 1998 à un régime de déclaration et à un contrôle annuel par les services de l’Education nationale et tous les deux ans par la Mairie du lieu de domicile des parents.

De plus, selon l’Article L131-2 : « L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute autre personne de leur choix ».

En 2021, le gouvernement a exposé son projet de soumettre l’instruction en famille à autorisation préalable dans le cadre de la loi confortant le respect des principes de la République, sous prétexte de séparatisme. Il est par conséquent imposé aux familles souhaitant instruire leurs enfants, de demander l’autorisation au rectorat avec la rédaction d’un dossier éducatif pour la rentrée de septembre 2022, avec l’obligation d’avoir un niveau BAC pour les parents accompagnants.

Aujourd’hui, nous considérons que le processus à travers lequel cette loi a été votée constitue une atteinte inacceptable à la liberté et à la démocratie.

En effet, les rapports de la DGESCO 2016-2017 et 2018-2019 rendus publics, suite à la procédure CADA des associations de défense de l’IEF en septembre 2021, mettent en évidence qu’aucun risque de dérive sectaire ou de radicalisme ne peut être imputable à la pratique de l’IEF. D’ailleurs, nous attirons votre attention sur le fait que ces seuls chiffres du gouvernement n’ont été rendus publics qu’une fois la loi définitivement adoptée.

Passer d’un régime déclaratif contrôlé à une demande d’autorisation est donc une entrave à nos libertés fondamentales, or l’article 5 de la DDHC stipule que :

« La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société ».

De plus, en tant que professionnels de l’accompagnement et actuellement en poste d’enseignant, nous sommes témoins du précieux travail des acteurs qui œuvrent au sein de l’éducation nationale dans un système actuellement en souffrance qui ne permet pas d’accompagner les enfants et les adolescents, à l’écoute de leurs émotions, de leurs besoins et de leur rythme, avec un grand pourcentage d’individus sous pression et en grande difficulté.

Nous observons des classes surchargées, des postes non remplacés avec de grandes difficultés de recrutement, des mutations imposées sans prévenance préalable, des structures scolaires fusionnées, des référentiels en perpétuel bouleversement, une absence de cadre secure favorisant un stress général se répercutant de fait sur l’optimisation de la qualité d’accompagnement des enfants et des adolescents qui grandissent dans un climat de stress au quotidien.

Quel sens aurait le risque d’un retour progressif de 70000 enfants ancrés dans des modes de vie uniques et spécifiques à leurs besoins, dans un système déjà en profonde difficulté de répondre aux besoins de tous les enfants et adolescents scolarisés ?

Il est par conséquent de notre devoir de citoyens, de parents et de professionnels conscients des enjeux actuels, et respectueux des valeurs de notre république et de nos droits et libertés fondamentales, de nous positionner en faveur des droits des familles, en reliance à la déclaration universelle des droits de l’homme : « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ».

C’est pourquoi, nous affirmons notre positionnement d’œuvrer pour la préservation et la pérennité de la liberté d’instruction pour toutes les familles et les générations à venir, et vous informons par la présence, de notre démarche publique, officielle et collective d’entrer en désobéissance civile* de plein droit auprès du mouvement national ENFANCE LIBRE, en demandant un retour à un régime déclaratif en accord avec la constitution de notre pays.

En vous souhaitant une agréable journée, nous vous prions d’agréer nos sincères salutations.

David et Coralie Renaudeau

*Définition de John Rawls : « La désobéissance civile peut être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s'adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés. » (Théorie de la justice, trad. français de C. Audard, Paris, Seuil, 1987, p. 405.)

Copie à :

  • Mr Pap Ndiaye, Ministre de l’Education Nationale et de la Jeunesse

  • Mr Philippe Mouiller, Sénateur des Deux-Sèvres

  • Vice-président de la commission des affaires sociales

  • Mme Coralie Desnoues, Présidente du Conseil Général des Deux-Sèvres

  • Mr Jean-Marie Fievet, Député Nord-Deux-Sèvres

  • Mr Philippe Robin, Candidat Député des Deux-Sèvres

  • Vice-président de l’Agglo2b

  • Mr Grégory Labille, Député de La Somme 5ème circonscription

  • Mme Claire Hédon, Défenseur des droits

  • Mr Julien Wattebled, procureur de la République de Niort

  • Mr Alain Rousset, Président de Région Nouvelle Aquitaine

  • Mr Gérard Blanchard, Conseiller Régional Nouvelle Aquitaine, Vice-président à l’enseignement supérieur et à la recherche

  • Médiatrices du rectorat de Poitiers

  • Mr Arnaud Leclerc, Directeur Académique des services départementaux des Deux-Sèvres

  • Mr Olivier Mirval, Inspecteur de l’Education nationale de la circonscription de Bressuire

  • Service Départemental du Renseignement Territorial des Deux-Sèvres

  • Mr Thibault Le Parc, Lieutenant de la communauté de brigade de Cerizay, Mauléon, Nueil Les Aubiers, Gendarmerie de Mauléon

  • Mr Pierre-Yves Marolleau, Président de l’Agglo2b

  • Mr Joël Barraud, Maire de La Petite Boissière

  • Mouvement ENFANCE LIBRE

  • FELICIA, Fédération pour la Liberté du Choix de l’Instruction et des Apprentissages

  • Association L’EDA, Les Enfants d’Abord

  • Association Union Nationale pour l’Instruction et l’Epanouissement

  • Réseaux Sociaux

Article de presse :

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